Quantcast
Channel: Politique - Matin Libre - Matin Libre
Viewing all articles
Browse latest Browse all 1586

Des personnalités apprécient l’An 1 de Talon au pouvoir : Depo Gustave Sonon, ancien ministre d’Etat des Travaux publics

$
0
0

gustave-sonon

« La grosse erreur (…), c’est (…) l’abandon de la notion de continuité de l’Etat »

Monsieur Gustave Sonon, vous êtes citoyen et de surcroît vous avez occupé de hautes fonctions au niveau de l’appareil d’état, ministre d’Etat en charge des travaux publics sous Yayi Boni, donc, vous êtes bien placé pour parler gouvernance, pour parler des actes posés par un gouvernement. Alors, en un an de la Ruptureest-ce que vous avez l’impression que quelque chose a bougé ?

Dire que rien n’a bougé, ça veut dire qu’on n’est même pas humain, maintenant ça a bougé dans quel sens ? C’est la question qu’ilfaut se poser .Si vous faites deux pas en avant et que vous faites peut-être trois pas en arrière, vous comprenez que vous avez bougé, mais vous avez reculé. Je note d’abord l’appréciation globale, c’est que le gouvernement s’est doté d’un programme d’actions qui estun baromètre, ça va nous permettre de l’apprécier et de le suivre dans le temps, parce que après la campagne, il faut nous dire de façon concrète ce qu’on veut faire ; étant donné que les promesses de campagne, un homme politique l’a dit, n’engagent que ceux qui y croient. Donc au moins il a traduit en actes ses promesses consignées maintenant dans un document appelé Programme d’actions du gouvernement. Ça c’est une bonnechose. Autre bonne chose que j’ai noté au niveau de la gouvernance, c’est le renforcement de la déconcentration, c’est-à-dire, il a rapproché l’administration des administrés. Mais quand ça été fait, j’avais déjà souligné que il  faut repréciser le rôle des préfets, par rapport aux élus locaux etj’avais donné le cas particulier de Cotonou, je crois je l’ai dit un vendredi, mais le mercredi  qui suivait, le préfet avait envoyé une demande d’explication au maire de Cotonou et j’ai dit bon, voilà ça a commencé.  Au moins cette déconcentration de l’administration, c’est à l’actif du gouvernement. Autre chose, c’est la fermeté, parce que l’Etat doit inspirer confiance et en même temps rigueur. A un moment donné nous avons manqué d’un peu de fermeté en notre temps, mais avec lui, il faut avouer qu’il gère l’Etatavec un peu de fermeté. Et ça permet de restaurer l’autorité de l’Etat. Mais la grosse erreur que j’ai notée et qui a une influence négative sur tout le reste, c’est ce que je peux appeler l’abandon de la notion de continuité de l’Etat, parce que l’Etat est d’abord impersonnel, il n’est pas lié à une personne. Et, le développement, c’est comme un voyage ; ça suit une route qui est circulaire fermée. Ça veut dire que sivous prenez toutes les nations au monde, aucune nation n’est arrivée encore à destination, même les pays développés dont on parle et vous voyez, dès qu’il ya élection et autre, le langage que les gens tiennent ça veut dire que lorsque vous êtes sur un cercle et que vous tournez, ça reprend, ça recommence, vous savez là où vous êtes, et vous pouvez avoir une idée d’où vous avez quitté, mais vous ne savez pas à quel niveau vous allez atteindre effectivement le développement. Mais quand vous êtes sur le cercle, vous vous dites que l’autrebout du cercle, c’est le développement, vous foncez, vous foncez et arrivé là-bas, vous vous rendez compte que c’est encore devant. Quand c’est comme ça, il faut que quand vous prenez la gestion du pays, non seulement vous devez vous dire que vous héritez non seulement du passif, mais aussi de l’actif ; c’est comme ça ! Et que les acquis des travailleurs doivent être sauvegardés et le peuple qui  vous a accordé sa confiance souhaite un mieux-être, et lorsque vous n’avez pas trouvé une solution alternative au peuple, vous ne devez pas remettre en cause ces acquis-là. Ce gouvernement est resté sous le couvert des réformes et a pris les réformes comme un passeport pour dire je vous avais dit que je dois faire réforme, en ignorant la notion de continuité de l’Etat. Et sans des mesures d’accompagnement, sans des périodes de transition, a démarré la mise en œuvre de réformes et a dégradé complètement le tissu social, l’économie, tout.

C’est pour ça qu’aujourd’hui on peut percevoir le président Talon comme un président controversé !

Non lui-même le sais, il l’a reconnu, ne pas le reconnaitre, ça veut dire qu’on ne veut pas rendre service, lui-même l’a dit que « je sais que mon peuple souffre » et je dis que le simple fait qu’il a reconnu que son peuple souffre, c’est déjà largement suffisant, parce que là ça veut dire que le peuple se dit que bon, il sait que nous souffrons ça veut dire qu’il va s’occuper de nous. Mais lorsqu’il dit bon vous m’attendez encore un an ou deux ans, c’est grave

Monsieur le ministre vous avez parlé de fermeté mais il y a quand même plusieurs décisions sur lesquelles on est revenu. Les rétropédalage...

Non, fermeté ne veut pas dire que vous ne pouvez plus reculer, parce quand j’ai dit fermeté, j’ai associé l’absence de la notion de continuité et la notion de transition, parce que la fermeté doit rimer avec continuité et transition, s’il n’y a pas ça et que vous êtes un bon dirigeant, vous êtes obligé de reculer pour la simple raison que, c’est pas parce que vous êtes ferme que vous allez dire pour ma décision je m’en fou. Si vous le faites comme ça, je crois que vous serez décrié définitivement. Ce que je voulais dire, c’est quoi ? Vous voyez par exemple pour choisir les chefs-lieux des nouveaux départements, il  a été ferme, il a dit, j’assume. Donc vous voyez, …il ya eu quelques protestations, mais il n’est plus revenu là-dessus, c’est ça que j’appelle fermeté. Vous savez quand on annonce les ports de casques et autres, dans la population on dit Ah, ce gouvernement…, maintenant les autres cas où vous parlez de rétropédalage, c’est làoù le gouvernement ignore que l’Etat est une continuité et prend la décision et se rend compte en réalité que …il se dit que ça fait du bien mais après il se rend compte que ça se retourne contre mon peuple, il faut qu’il recule. Je vous donne deux exemples, vous voyez par exemple, au Bénin, la carte universitaire…, bon …les autres qui avaient fait ça, c’est quand-même à partir d’une étude donnée, qu’ils sont allés à 7 universités. Si vous voulez revenir à 4, il faut définir une période de transition on aurait pu dire, tous ceux qui ont commencé la première année le premier cycle c’est trois ans donc, progressivement après trois ans on revient à trois ou quatre universités et puis c’est fini. C’est pour ça que j’ai dit je suis content quand ils ont voulu dire, ils vont organiser les licences et masters, vous avez vu ils ont tenu compte de ces critiques, pour définir une période de transition de trois ans, parce que une école, qui a déjà des étudiants en 1ère année, la licence se prépare en trois ans. Ça veut dire que pour cette promotion l’école prend toutes les dispositions pour qu’aprèstrois ans, l’école soit en règle sinon, elleferme. Mais il y a pleins de décision, vous venez, vous supprimez les avantages des travailleurs, vous supprimez les contrats avec la presse, en se disant la normo-communication, mais on constate que des organes ont été sélectionnés on m’a dit une vingtaine, je ne sais pas je n’ai pas vérifié et désormais on communique avec cette vingtaine, et dans cette forme de communication on a senti une canalisation de la communication, déjà c’est centralisé au palais, orienté. Vous voyez, au 21e siècle et avec la démocratie, c’est une erreur grave, parce que demain l’Etat même ne pourra plus contrôler. Au 21e siècle ce n’est plus la peine de chercher à fermer la bouche. En Afrique, quand on est fâché, ce n’est même pas en Afrique, c’est dans tout le monde entier, vous-vous extériorisez pour pouvoir vider ce qui vous fâche et ça passe. Mais lorsqu’on vous oblige à contenir tout ça, vous voyez… Les mêmes  avec qui il ont signé ce contrat, c’est eux-mêmes qui viennent nous voir pour nous dire que pour cet événement par exemple, aon a sorti une lettre de cadrage, ça veut dire que ceux même avec qui on travaille, les gens savent que ce n’est pas bien et c’est un peu regrettable parce que sous cette forme-là, beaucoup vont dire bon, comme je n’ai pas trouvé mieux, à faire, je le fais  d’abord, ceux qui ont un peu de dignité refusent et ceux qui refusent, le gouvernement a alors d’autres armes pour faire pression sur eux , on entend et on est informé, on est dans le peuple, on est informé.

Monsieur le ministre, au niveau de l’administration publique, le gouvernement a quand-même promis de dépolitiser et puis au niveau des nominations de ne plus faire le clientélisme, de même procéder par appel à candidature à certains postes,…

Vous-mêmes, vous vous êtes rendus compte que c’est un vœu qui n’est pas réalisé, on a tous applaudi, moi-même.  Mais ça va être compliqué, parce que dans le monde entier, vous voyez par exemple les Etats-Unis, quand le chef de l’Etat est élu, il vient avec une administration, pourquoi, on doit forcément se dire que vous êtes venus avec une vision pour un objectif et il faut des hommes pour accompagner. C’est vrai que les vrais opposants ce sont les travailleurs qui font de la résistance au niveau de l’administration, sinon, qu’est-ce qui a changé le 6varil 2016, Yayi Boni est parti, Yayi Boni c’est un seul homme, et nous qui sommes des ministres, nous sommes là. Ce ne sont pas pas des togolais qu’on a fait. C’était bon ce que le gouvernement a dit, mais le gouvernement devait clarifier un certain nombre de postes qui sont des postes techniques, à dissocier des postes politiques. Le gouvernement Talon a fonctionné comme si le Bénin a eu son indépendance en 2006 et que de 2006 à 2016, ce qui s’est passé, il faut tout balayer, il faut tout reprendre. C’est pourquoi j’ai dit de considérer le développement comme si on est sur un cercle, vous êtes d’accord avec moi non ? Le président Soglo est passé et il a quand même œuvré pour le développement, le général est venu, il a fait 17 ans, prenez ses discours, c’est les mêmes discours aujourd’hui, le président Yayi aussi est venu, il a fait , il y aura un autre après le Président Talon et vous verrez, en 2021, si on va aux élections, les gens vont encore dire tout est mauvais.

Monsieur le ministre, les Béninois ont perdu aujourd’hui tout espoir, qu’est-ce qu’il faut que le gouvernement revoie.

Tant que vous vivez vous ne devez jamais perdre espoir. Le président Talon, c’est l’homme fort du régime aujourd’hui, c’est lui qui doit ramener la paix et redonner confiance aux Béninois parce que les Béninois ont cru et ils ont voté massivement pour lui. C’est de revoir  en toute chose, la méthodologie dans la conduite de ces réformes (…) parce que vous savez, il a pris beaucoup demesures très impopulaires et qui se sont retournées contre le régime (…). Mais quand tout ceci s’est passé, le déguerpissement, la suspension des organes de presse, les étudiants etc, les petites économies qui ont été détruites, les faux médicaments encore que les faux médicaments, c’est un point d’interrogation, non parce que aujourd’hui, moi dans ma commune de Zakpota, moi je ne connais pas…, il n’y a même pas un dépôt pharmaceutique. Il n’y  en a pas, donc il faut aller dans les formations sanitaires et tout le monde sait comment ça fonctionne. Donc vous comprenez que si vous ne tenez pas compte de ces paramètres ça ne peut pas marcher ; donc c’est lui seul qui a la carte et aujourd’hui tout le monde sait que la classe politique qui est au Parlement, le peuple avait défié cette classe politique. En majorité la classe politique était contre la candidature du président Talon. Mais subitement on a constaté une allégeance de cette classe politique au président ; c’est ça qui a suscité des inquiétudes au niveau de la population. Donc il est le seul à pourvoir redonner confiance aux Béninois et je suis sûr que il est encore capable, mais il ne pourra redonner confiance qu’en ramenant d’abord la paix, et pour ramener la paix, il calme d’abord le jeu au niveau de la révision de la Constitution. Et pour calmer le jeu, on stoppe d’abord la procédure et on va faire un certain nombre de consultations pour voir la méthodologie et voir ce qu’il faut corriger et reprendre peut-être le projet pour que ce soit digeste.


Viewing all articles
Browse latest Browse all 1586