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Anaëll Dine Possy Berry sur ‘’Président d’un Jour’’ : «Le coton, que du coton…»

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Anaell-Dine-Possy-Berry

C’est le jour du verbatim, merci de prendre le rendez-vous. ‘’Président d’un jour’’ s’offre aujourd’hui à vous et c’est Anaëll Dine Possy Berry, 18 ans, élève en classe de Terminale G3 au Lycée technique Coulibaly qui est à l’honneur. Son père Alain Possy Berry est manutentionnaire. Sa regrettée mère Elvire Donkpegan fut pharmacienne. Anaëll Dine Possy Berry est le benjamin d’une famille de trois enfants. Il est un amoureux de la lecture, des magazines, des mathématiques, et de la musique. Son plat préféré est la pâte ‘’agbéli’ accompagnée de la sauce ‘’assrokoui’’.

Matin Libre : bonjour monsieur le président. Merci de recevoir l’équipe de Matin Libre. Le ministre des Sports a décidé d’honorer les athlètes béninois les plus méritants. Le Gala des champions  fut créé. Un évènement rehaussé par la présence de l’international footballeur camerounais Samuel Eto’o fils. Comment appréciez-vous la venue de l’homme? Que peut apporter au Bénin, la présence de cette star?

Le président Anaëll Dine Possy Berry : Pour les footballeurs, ça peut les amener à envier Samuel Eto’o, à vouloir faire comme lui, avoir de l’argent plus que lui, et de ce fait, jouer plus.

Votre regard sur le football au Bénin

Ils ne font pas du vrai. Ils ne font que du faux. Ils ne se donnent pas. Ils ne pensent qu’à l’argent. Dans leurs clubs respectifs, ils jouent bien plus que dans leur pays. Aussi, pour devenir footballeur au Bénin, il faut d’abord avoir un parrain. Tu peux savoir jouer plus que Lionel Messi mais tu ne peux pas. Tu ne peux pas. C’est la faute aux dirigeants et, tout d’abord à ceux qui organisent et au ministre des sports et des loisirs. Eux, ils disent que c’est l’argent d’abord et ça fausse tout. Les dirigeants prennent les joueurs qu’ils connaissent et laissent les talentueux, ceux qui jouent bien. Il y a une discrimination. Si tu n’as pas les moyens on ne te prend pas. Il y a des talents mais compte tenu de leurs moyens, ils ne peuvent pas jouer. Les organisateurs du football au Bénin, eux, si tu n’as pas d’argent pour te mettre dedans, ils ne te choisissent pas.

Les crises incessantes qui secouent le football, qu’en pensez-vous ?

Je ne peux pas trop discuter sur ça. Moi, je ne sais pas comment eux, ils gèrent à l’intérieur mais avec ce que les gens disent, ils cherchent trop à avoir leurs intérêts. C’est ça qui fausse…

Comment donner alors vie au football au Bénin ?

Il faudrait qu’il y ait une sélection qui pourrait faire sortir les talentueux et non ceux qui ont les moyens. Il faut sélectionner ceux qui savent jouer et même s’ils n’ont pas les moyens, les aider et après, on verra. Il faut construire les infrastructures sportives. On pourra construire des stades si nous avons des joueurs qui veulent vraiment jouer.

Quittons le plan sportif pour nous intéresser au Bénin en général. Comment trouvez-vous le Bénin ? Sommes-nous dans le plus beau des mondes ?

Je pense bien que le Bénin peut se développer mais compte tenu de notre notion de ‘’peu’’ que nous avons…On n’aime pas du tout voir son prochain réussir, on veut toujours ramener son prochain vers le bas. En fon, on dit ‘’agblokpêdéa ?’’ Nous ne cherchons pas à faire beaucoup. On cherche à faire un peu, un peu et ceux qui font beaucoup, on cherche à les induire en erreur pour qu’ils viennent en bas : labéninoiserie. Et ce sera difficile de régler ce problème. Ce n’est pas de notre époque. Le Bénin peut se développer mais il faut que nous laissons la notion de ‘’peu’’ et que les Béninois se mettent au travail. Je ne sais pas trop pourquoi on dit qu’il n’y a pas d’emplois au Bénin. Tout le monde pouvait travailler et être rémunéré. Soit par l’Etat, soit par lui-même. On doit faire quelque chose soi-même pour pouvoir avoir de l’argent, tant qu’on n’est pas handicapé encore qu’être handicapé n’est pas une fatalité?

Tout le monde a envie de travailler mais l’argent pour commencer manque. Il faut donc saluer l’initiative du président Yayi Boni concernant les micro-crédits aux plus pauvres!

Les micro-crédits aux plus pauvres, les gens disent souvent que si l’on prend et qu’on investit, qu’il n’y a pas souvent de retour. On arrive plus à en tirer de bénéfice donc le remboursement est un peu difficile.

Mais ça ne s’explique pas monsieur le président !

Oui mais…Les micro-crédits aux plus pauvres ont leurs avantages et inconvénients. Je ne dirai pas qu’il faut surseoir à ça mais on peut mettre à la disposition de la personne ce qu’elle veut vendre et non lui remettre les sous.

N’est-ce pas là une fausse histoire? celui qui ne sait pas gérer de l’argent en espèce, j’ai beau le mettre devant des marchandises, il ne réussira pas. Rien ne garantit que chaque fois qu’il va vendre, l’argent ou le bénéfice sera utilisé à bon escient puisque les superstitions ont déjà corrompu les mentalités!

Oui mais on saura comment gérer. D’abord, dans les pays développés, on dit qu’il faut avoir un niveau donné avant de gérer les trucs. Ici, on prend une dame qui n’a jamais été à l’école et on lui remet des sous pour qu’elle fasse tel, tel, ou tel truc. Moi, je pense que c’est mal penser. Elle ne va faire que payer tomate, piment et mettre ça devant le portail et vendre. Donc ça, c’est du faux.

Projection d’un Bénin entièrement développé… ça vous tente ?

2030. En 2030 le Bénin sera un pays développé. Il faut tenir compte de tous les secteurs. Le secteur primaire d’abord, secondaire et quaternaire qui vient de paraître et regroupe les Technologies de l’information et de la communication. Au Bénin, on ne se donne pas trop au secteur primaire or nous avons l’élevage, la pêche, et l’agriculture. Au Bénin, on ne fait que l’agriculture. Le coton, que du coton, que du coton or, on a trop de trucs à faire. L’ananas est là, on peut faire son jus; la canne à sucre, on peut faire du sucre, les produire en grande quantité même et les exporter. Il faut donner la chance à toutes les cultures. Mais on dit coton, coton. Et le coton, on ne le transforme même pas dans notre pays, on produit seulement. On envoie ça à l’extérieur, et on nous revend ça plus cher. Alors que si on transformait le coton ici même avant de le vendre, on aurait plus de revenus.

Mais on n’a pas d’industries lourdes encore moins d’énergie électrique à suffisance

Il faudrait investir pour gagner. Il faudra installer des centrales pour pouvoir avoir de l’énergie.

Finalement, si les choses sont si simples, est-ce à dire que les gouvernements qui se sont succédé depuis 1960 se sont trompés de combat? Ce sera votre mot de la fin monsieur le président.

Non. Ils ont fait ce qu’ils peuvent. C’est toujours la notion du ‘’peu’’-là qui agit sur nous. Il faut amener le Béninois à rêver grand, à faire des trucs qu’il ne pens pas faire. J’aimerais que les jeunes de mon pays rêvent grand. Qu’ils aient plus envie de travailler pour eux que d’être dépendants.

Cyrience KOUGNANDE


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